Il était devenu certain que ce zèbre insolite se sentait de plus en plus observé — en témoignaient sa malhabileté et la précipitation toujours plus grotesque de sa démarche — ou peut-être était-ce Joséphine, qui remarquait davantage ses mimiques paniquées, à mesure qu’elle le détaillait dans sa filature. L’homme dont le visage seul restait absolument non-identifiable (et dont les compétences en matière d’escapade étaient à mettre en question) emprunta ensuite une voie adjacente, puis une autre, et ainsi de suite, s’enfonçant toujours plus profondément dans ces environs que tout esprit sensé déconseillerait à n’importe quelle jeune fille. Jusqu’alors, l’adolescente poursuivait sa proie sans difficulté aucune ; il faut dire que ce fugitif ne lui paraissait pas faire le moindre effort tant son attitude le trahissait. Quelle ne fut pas sa surprise, alors, lorsqu’il s’élança dans une parfaite impasse ! Avait-elle été remarquée, puis piégée ? Aurait-elle seulement le temps de fuir si son suspect décidait de l’attaquer ? Joséphine ne put répondre, car il suffit un instant qu’elle le quittât des yeux pour que l’individu se trouvât parfaitement volatilisé, ne laissant derrière lui qu’une venelle déserte où les rayons verdâtres du soleil peinaient à se refléter sur d’asymétriques pavés. Une allée où l’air était aussi humide que pesant. Un cul-de-sac complet, terminé par un vieux mur aux pierres moisies.
Dernière édition par Maître du Jeu le Lun 13 Nov - 23:50, édité 1 fois