Brasserie des Misérables

- Ce qu'il y a de plus fort ne ferait point de mal à mon gosier. 

Entonne une curieuse demoiselle au teint pâle et à la silhouette élancée. Elle est habillée de sa robe ample, et du sourire des anges (peut-être ceux déchus).

- Alors permettez moi de vous le payer, mademoiselle, proposa un grand homme, au gabarit imposant, à Sylvia.

L'homme, un cigare à la main, fit signe au barman de la main.

- Un grand Marnier pour la dame, et un autre pour moi. Vous pouvez les mettre sur ma note.

Les deux verres de grand marnier arrivèrent bien assez vite, le barman semblant particulièrement pressé de les apporter le plus vite possible.

- Ce n'est rien mademoiselle. 

L'homme moustachu prit une gorgée du breuvage alcoolisé. 

- Vous verrez, le grand marnier servi ici est tout bonnement délicieux. 

Il ne put s'empêcher de rigoler, comme pour accompagner la dame dans son rire.

- Permettez moi de vous dire que vous vous êtes trompée dans ce cas! Cet établissement est des plus respectables.

Mais dîtes moi, que venez vous faire ici? Autre que pour venir y noyer votre chagrin, j'entends.

Dernière édition par Gérard Bertrand le Ven 30 Aoû - 22:30, édité 1 fois

- Mon chagrin ? Doux Merlin, c'est donc écrit si lisiblement que cela sur mon piteux visage ? 

Soupir, soupir, quand on s'attend au pire...


- Me laisserez-vous au moins quelques gorgées, de façon à ce que l'ivresse excuse les larmes qui fondront sur mon visage sous peu ?


Cul sec. 


- C'est à dire...

L'homme moustachu fit de nouveau signe au barman, pour qu'il apporte un nouveau verre à la dame.

- Oh, ma chère dame, depuis le temps, je sais lire les émotions sur les visages sans problème. 

Il but une nouvelle gorgée de grand marnier.

- Vous pouvez vous confier à moi, ne vous en faites pas.

Dernière édition par Gérard Bertrand le Ven 30 Aoû - 22:30, édité 1 fois

- Si je vous le dis vous allez rire... ou me prendre en peine... Ou peut-être les deux, que sais-je.

Shrug

- Je crois que mon mari m'est infidèle, il ne rentre plus les soirs et ne me donne aucune explication, je pensais le prendre sur le fait ici même mais aucune trace de sa vieille carcasse rabougrie. Je pense que je dois me faire une raison

Dernière édition par Sylvia Von Harden le Jeu 29 Aoû - 21:11, édité 1 fois (Raison : un grand pouvoir implique de grandes responsabilités)

- Ah! Votre mari aurait donc une amante! Je vois. Et bien, pour le confirmer, il suffit seulement de le faire suivre ma chère dame. Et pour cela, vous n'avez qu'à me donner votre adresse et son nom, et en une soirée je pourrais vous dire avec qui, quand, et où il est.

Il lui fit un léger sourire.

- Vous vous doutez bien qu'habituellement rien n'est donné gratuitement en ce monde. Mais si vous tenez réellement à savoir ce que votre mari fait de ses soirées....

Dernière édition par Gérard Bertrand le Ven 30 Aoû - 22:31, édité 1 fois

- Willhem Kobalt, 32 rue des moulineaux, votre prix sera le mien.

Elle avait répondu automatiquement sans réfléchir une seule seconde. La pauvre petite Sylvia se torturait depuis bien trop longtemps avec cette histoire pour oser négocier quoi que ce soit. 

L'homme déposa sa main sur celle de la dame.

- Ce sera fait. Dans deux jours, jour pour jour, heure pour heure, vous aurez la réponse à cette question qui vous tourmente tant. Vous n'aurez qu'à revenir ici, et je vous y attendrais.

Pour ce qui est du paiement, je n'oserais vous prendre quoi que ce soit avant le travail accompli. Nous en reparlerons lorsque ce sera fait.

Cela vous convient j'imagine, mademoiselle...Vous ne m'avez toujours pas dit votre nom, maintenant que j'y pense. Et moi le mien.

Il lui présente sa main.

- Gérard Bertrand. Enchanté.

Dernière édition par Gérard Bertrand le Ven 30 Aoû - 22:31, édité 1 fois

La jeune dame dévisage la main tendue devant elle avec étonnement, qu'est-elle sensée en faire ? Que veut donc ce gros lardon ? Qu'on lui glisse un morceau de bacon entre les paluches ? Le mystère restera probablement toujours entier.


- Enchantée de même, Sylvia Von Harden.

Et elle tend sa main à elle, orientée vers le bas et à hauteur du (ou des) menton(s) de son interlocuteur pour que celui-ci puisse faire un baise-main en bonne et due forme ou rien du tout.

L'enfant pénétra d'un pas rapide dans la gargote, sans qu'aucun de ses gestes ne sembla témoigner de la moindre hésitation, comme s'il en était l'un de ses plus fidèles clients. Il balaya l'établissement d'un rapide coup d'oeil, puis s'avança vers l'objet de sa visite sitôt aperçu.

Parvenu au niveau de l'homme bien en chair, il extirpa de son long et vétuste parka une demi-dizaine de montres de poche dont l'apparente complexité rappelait l'Helvétie, et les déposa délicatement contre la table.

— Il semblerait, monsieur, que j'aie retrouvé vos montres.

Déclara-t-il d'une voix tout à fait charmante en déposant une légère emphase sarcastique sur l'auxiliaire. Ce disant, il prit place à table entre ses deux occupants, s'y accoudant avec une parfaite décontraction.

Dernière édition par Alexeï Kirsanov le Dim 1 Sep - 0:34, édité 2 fois

Gérard prit la main de Sylvia et y déposa un baiser bien jouteux qui vint chatouiller la main de la dame.

- Vous ne serez pas déçue, je vous le promet.

Il tourna ensuite son regard vers le jeune homme qui venait de pénétrer dans l'établissement. Il ne put s'empêcher de sourire le garçon déposa les montres sur la table.

- Ah, salut Al. Bien joué. Je me doutais bien que tu aurais fini par les retrouver.

L'homme moustachu se mit alors à les examiner une par une.

- Oui. Ce sont bien les montres que je cherchais. Que je recherchais, pardonne moi mon erreur de langage. Tu seras payé en temps voulu pour ton bon service.

Du revers de la main, il lui présenta Sylvia.

- Al, dis bonjour à madame Von Harden.

L'enfant acquiesça d'un bref mouvement de tête en plantant ses iris sibériques dans ceux de la concernée. Il se redressa pour lors, saisit sa main avec une délicatesse toute mesurée, puis la baisa lentement sans la quitter du regard.

— Votre présence en ces lieux est pour nous une bénédiction, madame.

Murmura-t-il avec charme avant de poursuivre de la sorte :

— Mais est aussi curieuse. Ne connaissiez-vous donc pas de meilleurs établissements, plus à même de convenir à votre dignité ? Ou peut-être cherchiez-vous expressément un endroit de cet acabit ?

Dernière édition par Alexeï Kirsanov le Mar 3 Sep - 23:01, édité 1 fois

- Je me vois dans l'obligation de vous renvoyer la question doux jeune homme. Un tel lieu est outrageusement inadapté à quelqu'un dont les manières et l'âge contrastent si violemment avec le chant des ivrognes. N'avez-vous donc pas de parent qui s'occupent de vous ?

Après l'avoir observé un long moment d'un air maternel, protecteur et aimant, elle finit par confesser avec honte :


- Je pensais trouver mon mari ici, une amie m'a dit qu'il était susceptible de se trouver ici, il revient de plus en plus tard chaque soir et plus que sa personne, c'est le sommeil que j'en perds...

- Ta présence est donc une bénédiction pour la dame, Al. Grâce à toi elle va enfin pouvoir découvrir la vérité sur son mari, dit Gérard avant de se retourner vers Sylvia.

- L'établissement est peut-être dans un quartier miteux, mais il n'en est pas moins respectable. Et des plus sécuritaires. Et pour ce qui est du petit, il est plus qu'honorable de vous en faire pour lui, mais je vous assure, il est entre de bonnes mains.

- Ah non, il est hors de question que l'on fasse travailler un enfant à mon compte, mais pour qui me prenez-vous ? 

Elle gifle instantanément le gros plein de soupe.


- Révoltant, jeune homme, si cet homme ou quelconque autre te force à te mêler aux histoires d'adultes qui ne te concernent pas, sache que tu n'as pas à le faire. Tu peux crécher chez moi autant que tu le souhaites et tu ne manqueras de rien.

— L'adage ne dit-il pas que l'habit ne fait pas le moine, madame ? Même si, j'en conviens, il pourrait en faire le Saint-Père, à Paris. Disons pour faire simple que je suis un petit chenapan, et que mes parents ont bien dû finir par se faire à l'idée.

Ses lèvres s'étirèrent en un sourire pleinement satisfait à l'écoute de cette toute nouvelle opportunité.

— Monsieur dit vrai, madame. Je saurai vous apporter la vérité, et ce sans même entrainer l'ombre d'un trouble sur votre ménage dans mon sillage.

Il gloussa avec une candeur tout à enfantine au scandale de la jeune femme, avant de répondre d'une voix sereine :

— J'apprécie votre compassion, madame. Mais si vous cherchez véritablement à m'aider, la meilleure chose que vous pouvez faire est de ne pas retirer votre requête, mais au contraire de me l'attribuer comme vous le propose monsieur. Au demeurant, et au risque de me répéter, vous obtiendrez votre réponse sous peu, et dans une totale discretion.

Dernière édition par Alexeï Kirsanov le Mar 3 Sep - 23:01, édité 2 fois

Le gros homme leva la main, comme s'il s'apprêtait à frapper Sylvia. Mais il n'en fit rien. Il baissa plutôt la main pour agripper son verre de fort, et prit une grande gorgée de grand marnier.


- Vous pouvez vous compter chanceux que je vous aime bien, madame von Harden. Autrement, vous auriez pu malencontreusement finir au fond de la Seine avant minuit.

Il lui fit un léger sourire.


- Enfin, bref, rien ne cesse de parler de situation hypothétique. Al, ici présent, comme il vient de vous l'indiquer, pourra sans problème régler votre problème. Vous n'avez pas à vous soucier de son âge. Au contraire, il sait en jouer comme d'un atout.

Gérard essuie immédiatement la partie retour de l'aller-retour, un revers digne des plus grand joueur de jeu de paume, tendre l'autre joue qu'ils disaient.


- Cela tombe bien, pour ma part je ne vous aime pas. Infâme tas de graisse esclavagiste, allez donc faire de l'exercice par vous même au lieu de traîner des bambins dans vos combines, si vous suiviez mon mari sur 20 mètres un peu chaque soir vous pourriez peut-être voir votre pénis un jour qui sait ? En attendant faîtes-moi le plaisir de garder vos menaces pour vous, comme vous le faîtes avec chacune de vos confiseries en cachette le soir, et sans en laisser une miette.

D'un regard noir, elle sort sa baguette et fait s'envoler depuis ses poches jusqu'à celles du bambin une dizaine de galions, accompagné d'une carte de visite 'Sylvia Von Harden, ministère de la magie, vice-présidente du département des créatures magiques."


- Si c'est de l'argent que tu veux, le voici, si c'est de l'aide, tu sais où me trouver. Sur ce, je te conseille également de fausser compagnie aux balourds de cet acabit, tu as bien mieux que cela à faire.

Elle va pour s'en aller avec toujours le même regard noir, se retenant d'accompagner celui-ci de gestes déplacés.

Gérard la regarda quitter, sans rien dire. Une fois arrivée au portique, elle put voir deux grands gaillards lui bloquer le passage. L'homme moustachu leur fit signe, puis ils la laissèrent passer.


Gérard posa ensuite son regard sur Alexeï. 


- Accompli ta mission tel que demandé, Al. Reviens ensuite me voir avant de retourner donner le résultat de l'enquête à madame von Harden. La suite des choses dépendra de si son mari a bel et bien une amante ou non.

Il écouta le message sans broncher. Mais pour qui se prenait donc cette femme qui semblait aux premiers abords faible et vulnérable? Sans compter que faire travailler des enfants n'avait rien d'inhabituel. Encore moins faire travailler des adolescents. Et de toute manière, Alexeï le lui devait bien, après tout ce qu'il avait fait pour lui.

- Ah, les femmes. Ce n'est pas pour rien que je t'ai toujours dit de faire attention au sexe faible, Al. Certaines femmes, sous leurs airs innocents, peuvent être de vrais vipères.

De sa poche, il sortit un énorme cigare, qu'il alluma d'un claquement de doigt, avant d'en prendre une bouffée.

- Assure toi de prendre des photographies animées si tu prends son mari en plein ébat.